La semaine dernière, j’ai eu la chance de répondre aux questions des journalistes de Radio-Canada : Catherine Morasse (Le réveil / Nouvelle-Écosse et T.-N.) et Laurent Rigaux (Le réveil / Île-du-Prince-Édouard). Ces entrevues radio portaient sur le nouveau symbole nutritionnel qui fait son apparition sur les aliments préemballés à l’épicerie et ce jusqu’en janvier 2026.
J’ai préparé un résumé pour vous, ou si vous préférez, j’ai joint les entrevues du 4 juillet et 7 juillet.
En quoi consiste le nouvel étiquetage sur le devant de l’emballage?
Il s’agit d’une loupe qui signale lorsqu’un produit a un taux élevé, en sucre, en sodium ou en gras saturé.
Ce nouveau symbole se veut pratique pour nous aider à identifier rapidement les aliments à teneur élevée en gras saturés, en sucres et en sodium. L’idée est d’essayer de mieux informer les gens pour faciliter les choix à l’épicerie. C’est déjà vraiment difficile de faire son épicerie au Canada, donc on souhaite que ça soit davantage un plaisir et que ça soit plus facile d’améliorer son alimentation…et sa santé!
Est-ce que ça aura vraiment des conséquences sur la façon dont on achète nos aliments?
Je pense que oui, car il y a environ 80% des Canadiens qui affirment que c’est important pour eux de faire des choix santé. Cependant, 60 % des aliments que nous achetons sont transformés et préemballés. Ces aliments transformés peuvent contenir un peu trop de sel, de sucre et/ou de gras saturés. Et l’on sait qu’il y a des liens entre les seuils de 15% à tenter de ne pas dépasser et certaines maladies bien déterminées.
Quelles sont les conséquences de dépasser ces seuils (15 %) lorsqu’on parle de sel, sucre ou gras saturés?
Il existe des liens entre une consommation fréquente d’aliments à teneur élevée en gras saturés, en sucre ou en sodium et certaines maladies. Lorsqu’on mange certains aliments transformés, je ne vous parle pas d’en manger une fois de temps à autre, mais plutôt lorsqu’on en mange régulièrement plusieurs fois par semaine, on le sert à ses enfants, et on en remange la fin de semaine. Donc à long terme ces sortes d’aliments peuvent augmenter plusieurs types de maladies, notamment, les cancers.
On cherche ardemment pourquoi le cancer est-il si fréquent au Canada? Plusieurs cancers, malheureusement, sont liés à l’alimentation, puis heureusement, parce que on pourra agir un peu plus tôt. On pense par exemple au cancer du poumon, au cancer du sein, de l’œsophage, de l’estomac, du pancréas, ou colorectal, pour n’en nommer que quelques-uns.
Il y a aussi le diabète de type 2, tout le monde connaît une personne qui souffre de diabète de type 2. Les personnes diabétiques auront l’opportunité de mieux comprendre ce qu’ils mangent. Pour mieux prévenir et gérer l’obésité, qui est maintenant une maladie chronique reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé. Ainsi que les AVC qu’on appelle les accidents vasculaires cérébraux, et plusieurs autres maladies du cœur, dont la haute pression artérielle.
Est-ce qu’on comprend pourquoi le seuil a été fixé à 15%?
Ces seuils ont fait l’objet d’études détaillées et démontrent que lorsqu’ils ne sont pas trop souvent dépassés, on met les chances de son côté en misant sur notre capital santé.
Précisons une chose, nous verrons aussi les mentions 10% et 30%. Le 10% est utilisé lorsque l’aliment est en toute petite quantité, lorsqu’on achète des sauces ou des condiments tels du ketchup ou de la moutarde, par exemple. Quant aux plats principaux, si vous achetez une lasagne surgelée, le seuil à ne pas dépasser sera de 30 %.
Est-ce que le Canada est en retard par rapport aux autres pays?
J’aurais aimé vous dire qu’on est en avance, mais non. En toute humilité, je pense qu’on aurait pu faire un peu mieux, plus tôt. Prenons l’exemple de la France qui a développé le ‘’Nutriscore’’ , une façon de quantifier les aliments, et l’utilise depuis 2017. Le Nutriscore, comporte un code de couleur simple comme un jeu d’enfant, et est utilité en France de même qu’un peu partout en Europe, dont au Portugal, en Espagne, en Belgique, en Suisse, et en Allemagne. Alors qu’au Mexique, il s’agit d’un logo noir et blanc qui fonctionne très bien aussi, et ce depuis mars 2020. Au Canada, ce sera au plus tard en janvier 2026. Mais de toute façon il n’est jamais trop tard pour améliorer son alimentation.
Est-ce qu’on peut dire, que les Canadiens, de façon globale, mangent bien?
Graduellement, l’industrie tente de fournir des efforts pour réduire le sucre, le sel et les matières grasses, surtout les gras saturés. Les normes deviennent de plus en plus strictes.
Au niveau de la sécurité alimentaire, cependant, on a encore du pain sur la planche. Je vous dirais qu’un des défis importants, c’est l’inégalité sous forme d’insécurité alimentaire. Malheureusement, l’insécurité alimentaire est en hausse. Quand je parle d’insécurité alimentaire, je veux dire qu’encore en 2025, malheureusement il y a beaucoup de familles qui rencontrent des difficultés à accéder à de la nourriture saine. Dans ce cas on ne parle même pas de choisir des aliments sains mais plutôt d’accéder à un magasin d’alimentation intéressant qui offre de bons choix près de chez soi. Pour bien des gens, il n’existe pas d’épicerie accessible à pied, offrant une diversité de fruits et légumes frais.
Pensez-vous que ces étiquettes-là pourraient pousser les fabricants à réduire les teneurs en gras, en sucre et en sel dans les aliments?
Oui, c’est certain. Je pense que c’est une bonne initiative qui saura aider les fabricants et les encourager. Je suis aussi convaincue qu’il est important de fournir un effort commun. Tout le monde a besoin d’essayer de mettre la main à la pâte : les consommateurs, les fabricants, les industries, pour que le message passe, que les gens se disent, mon doux, c’est important de respecter les recommandations. C’est ce que nous les nutritionnistes, on dit depuis les 30 dernières années, c’est important d’essayer de manger du mieux qu’on peut, de prendre le temps de cuisiner et de manger en famille aussi!
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ou d’écouter l’entrevue et de prendre votre santé à cœur!
Votre nutritionniste et conférencière,
Johanne Vézina, Dt.P.